DE LA RUE SAINT-ÉTIENNE À LA PLACE DES CORPS-SAINTS
Actuellement rue Joseph Vernet (partie ouest) et rue Jean-Henri Fabre (partie est), de part et d’autre de la rue de la République.
Quoique le nom de rue Calade soit synonyme de rue Pavée et que déjà en 1524 nous trouvions dans les actes le nom de Carreria Callatæ, il ne s’ensuit pas que celle-ci ait été une des première de la ville dont la chaussée ait été systématiquement couverte de cailloux roulés.
Nous voyons au contraire par les délibérations du Conseil de ville qu’en 1373 il fut fait des publications pour défendre de soustraire les murailles des maisons, de faire des caves, auvents, ou pavés nommé alors calatas, sans avoir obtenu la permission des maîtres des rues, qu’en 1458 on complétait le pavé de la place du Change, et qu’en 1491 on pavait la rue Sainte-Praxède.
Les voisins contribuaient alors à la dépense, proportionnellement au développement de leurs héritages sur les rues.
Le manuscrit de Jean Morelli (fol. 241) que nous trouvons cité dans les savantes compilations de M. l’abbé de Massilian, nous apprend, d’un autre côté, que, le 20 février 1586, le seigneur d’Épernon, gouverneur de Provence, étant à Avignon pour y attendre le seigneur La Vallette, son frère, qui devait prendre sa place, fit desmaçonner la rue de la Fusterie, et, le 20 mars 1587 «courut la bague avec grand triomphe, tous masques accoutrés de couleurs».
Ce fut Charles de Comti, Vice-Légat d’Avignon, qui fit paver entièrement la Calade depuis le couvent des Dominicains jusqu’à celui des Cordeliers. Il donna à cette rue, connue jusque-là seulement sous le nom de rue des Lices, le nom de rue de Comti. On lisait avant 1792 l’inscription suivante au haut du mur septentrional de l’église des Cordeliers, au-dessus du canal de la Sorgue :
CLEMENTE VIII. P.O.M.
CAROLUS S.R.E. CARDINALIS DE COMITIBUS,
Viam cœno inaccessam a dominican. Ad franciscan.
Stravit. De comitibus appelavit AN. SAL. 1604.
Les rues des Grottes, de Saint-Étienne, de la Calade, des Lices, de la Philonarde, de la Campane et des Trois-Colombes, décrivent dans leur parcours, l’enceinte d’Avignon, qui fut démolie après le siège soutenu par cette ville au mois de septembre 1226.
On ne saurait faire un pas dans la Calade sans y rencontrer un établissement public ou un hôtel particulier qui mériterait chacun de faire le sujet d’une notice. Qu’il nous suffise de citer l’hôtel qui touche aux bâtiments de l’oratoire, Bertrand de Cosnac, créé cardinal par Grégoire XI, et qu’on désignait sous le nom de cardinal de Comminges, l’habita de 1371 à 1374.
Au XVIe siècle, nous le trouvons habité par une famille milanaise du nom de Trivulce, qu’Antoine de Trivulce, Vice-Légat d’Avignon, de 1544 à 1547, y avait attirée.
Cet hôtel passa ensuite successivement aux Montmorency, aux Lagnes, aux Beauvois de Nogaret et aux Suarès d’Aulan qui le firent reconstruire en 1784 sur les plans de l’architecte Bondon. Il appartenait, sous le premier empire aux Pezénas de Pluvinal et depuis lors il n’a cessé d’être possédé par la famille de Réginel-Barrème.