Balance (Rue de la Balance)

DU PUITS DE LA REILLE À LA RUE DU PUITS DES BŒUFS

 

Nous venons de voir que la rue de la Bancasse avait laissé son ancien nom de l’Argenterie à une des petites rues qui y aboutissent, c’est l’inverse qui a eu lieu pour la rue de la Balance.

La rue actuelle de la Monnaie se nommait anciennement rue de l’Officialité à cause de la maison de l’Officialité Épiscopale à laquelle elle donnait entrée, ou rue de la Balance à cause d’un fabricant d’instrument de pesage qui avait sur sa porte une balance pour enseigne.

Le balancier ajusteur vint-il de la rue de l’Officialité transférer son atelier et son enseigne dans la rue voisine ? C’est ce que nous ignorons.

Toujours est-il que, du XIVe au XVIe siècle inclusivement, la rue actuelle de la Balance s’est appelée de la Lancerie, depuis le Puits des Bœufs jusqu’à la rue Saint-Étienne, de la Miraillerie, des Miroirs, de Mirault et de Mirolio, de la rue Saint-Étienne à la rue Pente-rapide et de la Reille ou de la Règle depuis cette rue jusqu’à son extrémité septentrionale.

Nous dirons en parlant des rues de la Lancerie et du Puits de la Reille, quelle est notre opinion sur l’origine de ces deux noms. Quant à ceux de Miraillerie ou des Miroirs, donnés par les modernes au milieu de la rue de la Balance, ils pourraient faire croire que les miroitiers y avaient concentré leur commerce tandis que c’est à la rue du Bon Parti* que devaient aller ceux qui voulaient avoir la satisfaction de se contempler dans une glace de Venise ou autre.

En nous donnant les leçons de Mirault et de Mirolio, les anciens documents ont levé tous nos doutes sur les circonstances dont cette partie de la rue de la Balance avait tiré son nom. Car nous savons que l’emplacement des maisons de M. de Bouchoni et de celles qui leur sont adossées, était la livrée de Jean de Mirolio, évêque de Genève, promu au cardinal le 12 juillet 1385 par son compatriote l’anti-pape Clément VII.

Presque en face de la livrée du cardinal de Mirolio, dans la rue de la Balance, et près d’un endroit dont nous ne connaissons pas la nature mais qui se nommait Aspiran se trouvait la livrée de Pierre de Prato, que Jean XXII fit cardinal en 1320 et qui mourut en 1361. Il eut pour successeur dans ce palais Pierre de la Tourroie, évêque de Maillesais, que l’anti-pape Clément VII, en 1385, avait fait cardinal du titre de Sainte-Suzanne.

En 1409 au plus fort du siège du Palais contre les Catalans qui l’occupaient pour l’anti-pape Benoît XIII, le pape Alexandre V institua le cardinal de Tourroie son vicaire général et le légat dans la ville d’Avignon et tout le Comté Venaissin.

Ce n’est guère qu’à cette dernière époque que le cardinal Pierre dut venir habiter la rue Balance, car nous voyons qu’en 1390 le Chapitre de Saint-Pierre d’Avignon, héritier du cardinal de Prato son fondateur, avait loué ce palais à raison de vingt florins par an à Marie de Blois, veuve de Louis d’Anjou, roi de Sicile et mère de Louis II, qui était venue à la cour du Pape solliciter des secours et un appui pour son jeune fils.

* Actuellement rue Gérard Philippe.

 

Rue de la Balance en 1940
Rue de la Balance en 1940

 

Rue de la Balance aujourd’hui, on voit que l’immeuble « Alimentation » a été rehaussé par une terrasse et que les façades ont bien changé :

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