Pignotte (Place de la Pignotte)

DE LA RUE DE SAINT-JEAN LE VIEUX À LA RUE PHILONARDE

 

L’aumône de la Pignotte ainsi appelée, selon Du Cange, de l’italien Pagnotta, pain de qualité inférieure qu’on distribuait aux indigents, et, selon Cottier, de ce que les pains distribués étaient façonnés en forme de pignon ou de pomme de pin, fut fondée par le Pape Clément VI pendant la cruelle disette qui régna à Avignon en 1347.

Des pluies continuelles avaient détruit les semences et le défaut de récolte occasionnant une disette générale avait fait monter le blé à un prix exorbitant. Le Pape fit distribuer journellement sur cette place à tous ceux qui se présentaient assez de pain pour vivre pendant un jour.

Il y choisit une maison dans laquelle il faisait peser chaque ration, d’où elle prit le nom de Domus librationis. Humbert II, Dauphin de Viennois, avait de son vivant concouru aux distributions de pain qui se faisaient à la Pignotte et il institua cette œuvre son héritière.

Jean Colonna étant mort, Clément VI unit à l’Œuvre de la Pignotte le jardin et le verger que ce cardinal possédait à la rue Velouterie, dite alors des Miracles. Mais cette union qui avait été faite au mépris des droits de l’évêque d’Avignon à qui ces immeubles revenaient, attendu qu’il en était le seigneur direct, cessa lorsque les papes ne tinrent plus dans leurs mains les biens de l’évêché.

La revendication fut faite par Anglicus Grimoard que le Pape Urbain V, son frère, pourvu en 1362 de l’évêché d’Avignon.

Au XVe siècle, les juifs d’Avignon achetèrent de noble Jean Retronchin, chevalier, un terrain à la Pignotte pour y faire leur cimetière. La Maison des Repentis, sous le vocable de Sainte-Marie Égyptienne, fut établie sur cette même place en 1627.

Celle des Filles de la Garde, instituée pour les jeunes filles abandonnées de leurs parents, fut établie sur un autre point de la même place en 1646.

Après le départ de la cour romaine les distributions de pain cessèrent à la Pignotte.

Le 6 janvier 1450, Nicolas V donna cette maison avec toutes ses dépendances, y compris la redevance que payaient les juifs pour inhumer leurs morts dans le voisinage, à Alain de Coëtivi, cardinal prêtre du titre de Saint-Praxède, évêque d’Avignon.

La mense épiscopale paraît avoir aliéné cet immeuble dans le siècle suivant. Il appartenait, en 1699 à Françoise Maurin, femme de Joseph Indignoux, qui le bailla, cette année là moyennant 200 francs de loyer annuel à François de Vissée, Comte de Ganges.

Cette maison passa dans la suite à la famille des Achards de Baume, qui y fit de grandes réparations en 1760.

 

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