Bourguet (Rue Bourguet)

DE LA RUE DE LA CARRETERIE À LA RUE DE LA CHARRUE

Bourguet est un diminutif de bourg, d’où l’on peut entendre par Bourguet un petit bourg, une agglomération distincte d’habitations.

Au moyen-âge, les contestations et les rivalités amenaient souvent, au sein des villes populeuses, des combats de rue. Cela fut cause que les constructions civiles tinrent un peu des constructions fortifiées. Les ouvertures basses des maisons étaient plus étroites que les ouvertures élevées et l’édifice se couronnait de meurtrières et de créneaux. Une tour d’escalier, quand elle n’était pas plus importante, formait au centre une sorte de donjon et un poste pour le guet.

Le petit peuple, toujours foulé par les batailleurs parce qu’il ne pouvait pas se loger comme les grands, se serrait autour d’eux. Les cardinaux, apposant des barrières aux rues qui aboutissaient à leurs Palais, abritaient ainsi quelques pauvres maisons.

Ce n’était le plus souvent qu’une issue sur la voie publique. Une cour était au milieu de son enceinte, et dans cette cour, un puits commun à tous les habitants. Un escalier, souvent commun aussi, desservait tous les étages. Autour de la cour régnait de petits logements d’artisans, tandis que le propriétaire avait sa demeure du côté de l’entrée, et pouvait, des membres hauts de son logis, abaisser la herse, qui, en temps de trouble, devait fermer l’entrée du Bourguet.

De nos jours, le cloître de Saint-Didier est une image assez fidèle de ce qu’était le Bourguet au moyen-âge. Il formait une petite communauté, ou un fief dans l’enceinte de la ville.

La disposition spéciale des bourguets dut nécessairement être adoptée pour les constructions qu’on éleva au XIVe siècle entre l’ancienne et la nouvelle enceinte d’Avignon. Nous avons déjà parlé du Bourg des Ortigues et du Bourg Martineng.

Nous parlerons plus loin du Bourguet des Ortolans. Les anciens documents en mentionnent une foule d’autres, parmi lesquels nous citerons le Bourg de Gaufridi Augerii (1302), le Bourg des Olliers (1370) et le Bourguet, vulgairement nommé en 1370, de Giguonha. Celui-ci était situé en dehors de la Porte Évêque, et ne comprenait pas moins de seize petites maisons. La grande était habitée par un banquier du nom de Guimetus Alberti, qui était seulement propriétaire de la moitié du bourguet.

Celui-ci était percé de deux rues se coupant à angle droit. Ce devait être un des quartiers mal habités de la ville, car nous y trouvons à la date précitée :

– Mingete de Narbonne, mulier communis ;

– Jeannette de Metz ou de Lorraine, mulier communis et publica ;

– Marguerite la Porceluda, alias de la Cassera, mulier publica ;

– Étiennette de las Fayssas, femme de Nicolas Pastum, jardinier.

La rue du Bourguet a pris son nom du Bourguet des Bérengers, qui s’étendait jusqu’à la Belle-Croix

M. de Blégier, dans sa notice sur les Vicomtes d’Avignon, pense que les Bérengers descendaient de ces anciens seigneurs qui gouvernèrent Avignon au XIe siècle. On pourrait conserver cette trace historique en ajoutant leur nom à celui de Bourguet.

 

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