DE LA RUE SAINT-MARC* À LA RUE DORÉE
Actuellement rue Mignard
Le nom de cette rue n’est pas très ancien et provient évidemment d’une enseigne qui n’existe plus depuis longtemps. Elle s’appelait au moyen-âge comme sa voisine, rue des Ortolans.
La grande maison, aujourd’hui divisée en plusieurs corps, qui existe à l’angle sud ouest de cette rue était le palais de Doni, situé, partie dans la paroisse Saint-Didier, et partie dans celle de Saint-Agricol.
Il avait appartenu, au XIVe siècle, au Cardinal Annibal Ceccano, archevêque de Naples, et fut acheté par Luc et Paul Doni, de Florence, à Cosme Cyrocque, fils d’André.
La partie de ce palais, dont la façade donne sur la rue de l’Anguille fut habitée de 1732 à 1745 par Jacques Buttler, duc d’Ormond, premier ministre d’Angleterre sous les Stuart, qui sacrifia tout à la cause des souverains et termina ses jours à Avignon dans un état de médiocrité qui tranchait misérablement avec son ancienne splendeur.
Il fut un des fondateurs de notre première salle des spectacles et sut user si libéralement des derniers débris de sa grande fortune qu’il fut pour les Avignonnais ses contemporains, le prototype de l’homme riche. Il n’est pas rare d’entendre encore dire de nos jours** : «Je n’ai pas les rentes du duc d’Ormond.»
Ce ne serait pas trop pour le beau caractère de lord Ormond qui fut très populaire à Avignon***, de consacrer la mémoire de ce fait historique, en substituant son nom au nom insignifiant aujourd’hui de rue de l’Anguille.
* Actuellement rue de la République
** C’est à dire en 1857
*** « Le duc d’Ormond arriva hier ici en parfaite santé, aux acclamations de toute la ville. C’était à qui donnerait de plus grandes démonstrations de joie. » (Lettre adressée le 20 octobre 1740 par le Marquis de Caumont à M. d’Anfossi).
« Les Consuls sont allés recevoir au sortir du bateau le duc d’Ormond, qui revient de Madrid. On a tiré en son honneur des salves d’artillerie. » (L’abbé de Massilian.)