DE LA RUE DE LA PETITE-SAUNERIE AU REMPART DE LA LIGNE
Avant 1843 la partie de cette rue comprise entre la Petite-Saunerie et la rue des Ciseaux d’or se nommait la Poulacerie antique, parce qu’on y vendait anciennement la volaille et le gibier.
On appelait encore cette partie de la Banasterie la carriero di Guerindoun à cause de certains ornements qu’on y suspend pour la Fête-Dieu. Ces ornements se composent d’un cerceau tout autour duquel pendent des franges omnicolores terminées, comme les girandoles, par des losanges de cristal.
Des Ciseaux d’or à la rue Sainte-Catherine, la Banasterie s’appelait jadis la rue de Saint-Symphorien à cause de l’ancienne église collégiale et paroissiale dédiée à ce Saint et dont la façade, aujourd’hui bien dénaturée, porte le n° 14.
La Banasterie proprement dite partait de la rue Sainte-Catherine pour s’arrêter à la chapelle des Pénitents de la Miséricorde. Le reste de la rue, jusqu’au rempart, empruntait de cette chapelle le nom de rue de Miséricorde.
À côté de l’égout qu’on voit à l’entrée de la rue de la Miséricorde, se trouvait, dans l’ancienne enceinte d’Avignon, la porte Aurose dont il existe encore un des pieds droits. Cette porte devait son nom au vent auquel elle était plus particulièrement exposée et qu’on appelle auro en langue provençale. Le plus grand nombre des arceaux de ces anciennes portes fut démoli en vertu d’une mesure générale en 1751.
De la porte Aurose à l’Escalier de Sainte-Anne, la rue de la Banasterie comprend un certain nombre de petites maisons habitées par des cultivateurs ou des artisans pauvres. On les vit en 1815 presque tous ardents fédéralistes. Et l’attachement qu’ils manifestèrent pour Napoléon 1er fut si vif que leur quartier mérita d’être appelé l’Ile d’Elbe, comme, à la même époque, le nom de Vendée était appliqué aux Fusteries.
Le nom de Banasterie remonte à une date très ancienne. Il est dû à ce que les vanniers ont habité cette rue presque jusqu’à nos jours.
Anciennement, la Sorguette se jetait dans le Rhône à l’extrémité septentrionale de cette rue et les broutières de saule, qui abondaient sur les bords du fleuve et sur ceux du canal alors mal encaissés, fournissaient abondamment la matière première de l’industrie qui s’exerçait dans le voisinage.
Dans la rue Banasterie étaient anciennement :
– L’église paroissiale de Saint-Symphorien, érigée en collégiale en 1591 ;
– La Congrégation des Pauvres Femmes fondées en 1721, établie en cet endroit en 1735 ;
– L’Aumône de Notre-Dame de Salvation ou Saunaison, dont la fondation remontait au moins au XIVe siècle, et qui fut unie en 1559 au grand hôpital ;
– L’hôpital de Notre-Dame de Fenouillet, autrement dit Zeritum, dont l’existence était antérieure à l’année 1274 et sur l’emplacement duquel se sont établis en 1586 les Pénitents de la Miséricorde et, en 1691, la maison des Insensés. Ces deux derniers établissements subsistent encore.