DE LA PLACE DE L’HÔTEL-DE-VILLE À LA RUE ROUGE OU DES ORFÈVRES
Le Change a été de tout temps un des quartiers les plus riches et les plus commerçants de la ville.
Ce nom lui vient des opérations de change et de banque qui s’y traitaient au XIVe siècle et au XVe.
Aussi, les plus anciens documents mettent-ils, pour la plupart, ce nom au pluriel :
– Cambii majores, 1370,
– Platca Cambiorum, 1571,
– Place des Changes, 1548, 1561 et 1628.
Au XIVe siècle les changeurs avaient sur cette place, pour exercer leur industrie, de petites boutiques, des échoppes ou même de simples éventaires. Ces constructions, qui déparaient la voie publique, furent démolies en vertu d’une délibération du Conseil de la ville en date du 18 avril 1448.
La mesure n’atteignit pas seulement les petites boutiques et les tabliers, mais encore une loge où se tenaient les bijoutiers et qu’on appelait à cause de cela dyaman. Ce terrain ainsi déblayé ne fut pavé qu’en 1458.
C’est sur la place du Change, au midi de la maison actuelle de M. Ducommun, que demeurait le chevalier Bernard de Rascas, qui fut assesseur du syndicat d’Avignon en 1348, et qui se recommande comme poète, comme jurisconsulte et surtout comme bienfaiteur des pauvres.
C’est à sa libéralité que la ville d’Avignon doit la fondation du grand hôpital de Sainte-Marthe. Bernard de Rascas avait pour voisin, dans la maison qu’habite aujourd’hui M. Ducommun, un marchand de draps d’or et de soie nommé Allemand Guet.
Sur l’emplacement du café Henri IV était la maison maternelle du brave Crillon. Gilles de Berton, son père, et Claude, son oncle, y demeuraient encore en 1568. Presqu’en face, dans la maison de M. Rouvière pharmacien, Jean Guillermin modelait en 1659 le Christ de la Miséricorde, que les connaisseurs ont mis depuis longtemps au nombre des merveilles de l’art.