DE LA RUE DES LICES À LA RUE DES TROIS-FAUCONS
Quelque chat abandonné aura sans doute servi de parrain à cette rue dans laquelle ne s’ouvre pas une seule porte.
On aurait pu lui donner un nom qui conservât, soit le souvenir de la Porte de Rome ou du Pont-Rompu qui existait près de là, soit celui de l’établissement charitable qui la bordait au nord.
La ville d’Avignon a droit d’être fière des établissements multipliés qui furent ouverts dans son sein aux souffrances diverses de l’humanité.
Dès l’an 442 de notre ère, un concile tenu à Vaison mit sous la protection des évêques les enfants exposés ou abandonnés. Il leur fut ouvert plus tard, par la bulle que la Pape Grégoire XI donna le 23 octobre 1372, un asile qui était situé sur l’emplacement de la maison actuelle de madame Duplantier, née Lambert, et qui s’appelait l’Hôpital de Gigono.
Par un abus trop fréquent à cette époque, et que les conciles de Vienne et de Trente ont enfin réprimé, le pape Sixte IV unit en 1471 cette œuvre à l’abbaye de Montmajour-lez-Arles.
Les abbés de Montmajour dénaturèrent la fondation en la faisant servir à un collège pour six jeunes religieux étudiants en droit canon à l’université d’Avignon. Les réclamations que la ville ne manqua pas de faire à ce sujet (voir les conseils tenus le 15 juin 1473, le 4 janvier 1474, le 20 septembre 1479, etc.) ne furent point écoutées : la ville prit à sa charge les bâtards qu’elle confia en 1600 à l’administration de l’Aumône Générale.