DE LA PLACE DE L’HÔTEL-DE-VILLE À CELLE DE LA PRÉFECTURE
Cette rue doit son nom à l’hôtel qui d’abord fut la livrée de Gui de Malesec, dit le cardinal de Poitiers, que Grégoire XI avait revêtu de la pourpre en 1375, et qui mourut le 8 des Ides de Mars 1412.
Cette livrée comprenait les hôtels actuels de la préfecture et de Baroncelli, qui étaient réunis par un arceau.
En 1409 les Catalans qui occupaient le Palais pour l’anti-pape, Pierre de Luna, sous le commandement de Rodéric, son neveu, ayant nécessairement compris l’église de Notre-Dame des Doms dans l’ensemble de leur système de défense, les malheureux chanoines témoins de la profanation de cette basilique ne voulurent pas, en se retirant, laisser exposer aux insultes de la soldatesque l’antique Vierge qu’on y vénérait depuis tant de siècles.
Ils l’emportèrent solennellement le 22 décembre, nous dit Suarès, et la déposèrent religieusement dans le Palais du cardinal de Poitiers. Six ans plus tard, jour par jour, l’empereur Sigismond, à son retour du Concile de Constance, faisait à Avignon son entrée solennelle aux flambeaux, sous un dais porté par les Consuls, et venait loger dans ce même Palais.
En 1431 la moitié de ce Palais a été acquise par la noble et riche famille des Baroncelli. L’autre fut achetée plus tard par le cardinal Julien du Roure, neveu du pape Sixte IV, légat et premier archevêque d’Avignon, qui y fonda, le 22 août 1496, le collège auquel il donna son nom.
Après qu’une bulle papale du 3 des Ides de Mai 1709 eût uni le collège du Roure à celui de Saint-Nicolas, le bâtiment qu’il occupait fut vendu aux marquis de Forbin Sainte-Croix, qui le transmirent par héritage aux marquis de Forbin des Issarts, desquels le département de Vaucluse l’a acquis pour l’affecter à la résidence de messieurs les Préfets.
En 1787 M. de Baroncelli, marquis de Javon, acheta une surface de terrain d’environ un mètre qu’il prit sur la maison où sont aujourd’hui les ateliers de monsieur Petit, lithographe, et qui appartenait alors à la dame Anselme, veuve Curade. Il réunit cette surface à la voie publique «afin que sa voiture pût passer plus aisément».
La partie supérieure de cette maison fut soutenue par une trompe ou coquille, exécutée par un maçon nommé Gallet, qui fit là son chef d’œuvre. Delà, cette portion de rue, entre la place et l’hôtel de Baroncelli avait pris le nom de rue de la Coquille, qu’elle a perdu en 1843.