DE LA RUE SAINT-CHARLES AU REMPART SAINT-ROCH
Cette rue doit son nom à l’établissement des Frères Mineurs Observantins.
Cette fondation fut faite le 22 février 1469 par Louis Doria, marchand génois établi à Avignon. Il donna aux Observantins sa maison appelée Beaulieu en leur imposant l’obligation d’y résider à perpétuité.
La réforme s’étant introduite dans cet Ordre, sans cependant être unanimement adoptée, les Souverains Pontifes avaient ordonné que chaque province de l’Ordre aurait trois ou quatre couvents de récollection qui seraient cependant sous les ministres provinciaux de l’ancienne Observance.
En conséquence des statuts généraux de l’Ordre faits en 1503, les quatre couvents de récollection désignés pour la province de Saint-Louis furent ceux d’Avignon, d’Arles, de Nîmes et de Béziers. Mais l’autorité des Provinciaux de l’ancienne Observance fut bientôt méconnue dans tous les couvents réformés.
Les Observantins du couvent d’Avignon qui n’avaient pas voulu accepter la réforme, prétendirent que leur fondateur leur ayant imposé l’obligation de résider à perpétuité dans la maison qu’il leur avait donné, c’était à tort qu’on voulait la leur faire céder aux Récollets. Ils persistèrent à y rester malgré les décisions supérieures et les invitations de l’autorité.
Leur opiniâtreté semblait avoir complètement triomphé, lorsqu’un jour, au retour d’une procession à laquelle ils n’avaient eu garde de manquer, ils trouvèrent les Récollets installés à leur place et ne purent jamais parvenir à se faire ouvrir les portes. Ils se dispersèrent dans les communautés de l’ancienne Observance, qui existaient à Saint-Rémy, Barbentane et Tarascon.
Mais Avignon avait pour ses moines d’irrésistibles attraits : ils établirent à la rue Pétramale dans l’hôtellerie actuelle de l’Écu de France un hospice dans lequel ils se trouvaient toujours en grand nombre, jusqu’à ce qu’enfin l’archevêque, considérant qu’il n’était pas décent qu’ils résidassent à une si grande proximité des Dames de Sainte-Claire dont ils étaient déjà les confesseurs, leur ordonna le 18 août 1672 d’aller demeurer ailleurs. Ils songèrent à l’ancien collège de Dijon mais ce projet ne fut pas plus tôt connu que la ville, l’Université, le Chapitre de Saint-Didier et les religieuses de la Miséricorde s’empressèrent d’y mettre opposition.
Il leur fallut bien, puisqu’ils voulaient à tout prix respirer l’air d’Avignon, accepter l’offre qui leur fut faite en 1674 de la chapelle de Notre-Dame des Sept Douleurs. La rue de l’Observance, quoi qu’ayant depuis le 27 avril 1602 son principal établissement occupé par les Récollets n’en conserva pas moins son nom primitif.
Le couvent des Récollets d’Avignon était une custodie sous le titre de Saint-Louis et chef de la province de Saint-Bernardin qui comprenait tous les couvents de l’Ordre situés en Provence et en Languedoc.
La Réforme s’y était opérée sous la direction du P. Nathanaël, dit le Sage, et elle s’y pratiqua dans les commencements avec une grande rigidité. On raconte que le F. Jaume, natif de Carpentras, vieillard fort avancé en âge, ayant voulu consulter son supérieur sur une affaire de conscience se présenta chez lui à huit heures du soir.
Celui-ci le pria d’attendre un instant à la porte de sa chambre, mais bientôt distrait par d’autres idées il se mit au lit et s’endormit, tandis que le pauvre vieillard attendant toujours suivant l’ordre qu’il avait reçu, demeura ainsi debout jusqu’à ce que matines sonnant, le supérieur sortit pour se rendre au chœur.