Saint-Agricol (Rue Saint-Agricol)

DE LA PLACE DE L’HÔTEL-DE-VILLE À LA RUE DE LA CALADE

 

La portion de cette rue comprise entre la place et l’église dont elle porte le nom, se nommait anciennement la rue Harengerie, parce qu’on y vendait les harengs.

Paul Passionei, Vice-Légat d’Avignon de 1754 à 1760, a tant donné ses soins pour la rectification qui fut faite de son alignement qu’on l’appela de son nom, rue Passionei.

Ce nom était écrit sur une plaque d’ardoise adhérente à l’angle de la maison habitée par monsieur Laurent, coiffeur. On l’effaça en 1791 pour rétablir l’ancien nom, qu’on orthographia par ignorance, rue Orangerie.

Elle reçut en 1843 la dénomination générale de rue Saint-Agricol, que n’avait jamais cessé de porter la partie comprise entre l’église consacrée à ce Saint et la rue de la Calade.

De très anciens documents appellent le quartier dans lequel la rue Saint-Agricol se trouve tracée, le Quartier des Fontaines, et ce nom paraît justifié par un cours d’eau souterrain dont les puits de cette rue constatent l’existence. L’eau en est excellente et l’on ne peut que très difficilement les mettre à sec.

On signale également dans ce quartier l’existence d’un égout antique que l’exhaussement progressif du sol ne permet pas d’utiliser.

Fondée en 680 par Saint-Agricol lui-même, qui donna sa propre maison pour cet objet, l’église qui lui est dédiée fut détruite par les Sarrasins au commencement du VIIIe siècle et rétablie en l’an 911 par l’évêque Foulques.

Le Pape Jean XXIII l’érigea en collégiale en 1321 et concourut par ses libéralités à la reconstruction qui en fut faite dans le courant du XIVe siècle. La façade ne fut construite qu’à la fin de ce siècle, ou même dans les premières années du suivant.

Depuis longtemps Saint-Agricol était considéré comme le patron le plus spécial de la ville où il avait reçu le jour. On implorait son intercession quand, par leur trop grande durée, les pluies ou les sécheresses compromettaient les récoltes.

Aussi, lorsque le Pape Urbain VIII eut désigné par une bulle les fêtes qui devaient être de commandement et qu’il eut permis à chaque ville de choisir un protecteur dont la fête serait d’obligation pour ses habitants, le conseil, dans sa séance du 10 décembre 1647, choisit Saint Agricol à l’unanimité.

Nous renvoyons ceux de nos lecteurs qui désirent des renseignements sur la richesse artistique de l’église Saint-Agricol à la Notice publiée en 1842 par M. l’abbé Moutonnet, alors vicaire de cette paroisse.

Dans la rue Saint-Agricol fut établie, vers la fin du XIe siècle, la maison des Frères de la Milice du Temple dont l’église sert aujourd’hui d’écurie à l’Hôtellerie du Pont. Les Hospitaliers vinrent s’y établir après la suppression des Templiers, et comme leur ancien établissement portait toujours le nom de Saint-Jean-Le Vieux et le nouveau Saint-Jean de Rhodes.

À côté de la commanderie de Saint-Jean de Jérusalem était la livrée de Guillaume Bragosse, créé cardinal par le Pape Innocent VI en 1361 et mort à Avignon en 1367.

Ce palais fut ensuite occupé par Pierre de Luna, créé cardinal en 1375 par le Pape Grégoire XI, et qui pendant trente ans entretint, sous le nom de Benoît XIII, un schisme déplorable dans la chrétienté.

 

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